L'écrit versus l'oral (en vidéo notamment) : suite à la réflexion du très stimulant Patrice Laubignat ici sur Linkedin - ma réponse rapidement consignée ici en raison de la limite de caractère dans les commentaires :
Il y a comme une forme subtile de capitulation dans l'écrit...
Un recul source de profondeur mais comme tout recul, une hésitation à rentrer dans l'action.
Je suis aujourd'hui par ailleurs convaincu que l'écrit garantit une certaine puissance dans la pertinence du propos et bien sûr sa précision, là où l'oral montre une autre forme de puissance si du moins elle existe : celle du talent à l'état brut en ce qu'elle combine le raisonnement spontané avec l'influence des émotions que la gestuelle prolonge aussi.
Voilà pourquoi je pense de surcroît que les grands speakers (ou du moins les personnes ayant la possibilité de s'entraîner souvent) finissent pas se laisser surprendre par leurs propres fulgurances à mesure qu'ils apprennent à laisser la jubilation de l'oralité prendre du terrain, et devenir une seconde nature.
Quand on se sent vraiment libre à l'oral, les forces de l'intuition, nourries par l'expérience, vont très paradoxalement plus loin que l'écrit car elles ne s'encombrent plus de la construction grammaticale ou logique du texte : elles sont en prise, directement, avec l'élan de l'imagination.
Ce que tu soulèves ici @Patrice Laubignat est donc très pertinent car chacun de nous, pouvons ressentir au plus profond de nous-mêmes, l'aporie écrit versus oral : la vérité n'est pas seulement dans un équilibre des deux (ce serait vite dit) mais dans la façon dont les deux s'interpénètrent et se nourrissent mutuellement.